Saviez-vous que les logements les plus gourmands en énergie représentent 5,2 millions de résidences principales en France (1) ? Classés avec une étiquette énergétique F, G ou G+, ils sont qualifiés de passoires thermiques, puisqu’ils sont difficiles et coûteux à chauffer. Isoler, ventiler ou encore installer un système de chauffage plus efficace permettent de sortir ces logements de l’état de passoire thermique. Comment organiser ces opérations et quelles sont les étapes à suivre ? Comment bénéficier des aides et notamment du bonus « sortie de passoire thermique » ? Ootravaux vous guide pas à pas !
L'essentiel
- L’audit énergétique est un prérequis pour vos travaux de rénovation : il permet d’établir le classement énergétique d’un logement énergivore et de définir les travaux nécessaires.
- Il est aussi obligatoire pour solliciter des aides : avant de rénover, pensez à vérifier les dispositifs dont vous pouvez bénéficier.
- Une fois ces deux étapes passées, place au chantier : l’isolation, la ventilation et le chauffage sont les 3 postes majeurs.
- La dernière démarche consiste à certifier de la nouvelle étiquette énergétique de votre habitation avec une attestation de fin de chantier.
Étape 1 : Réaliser un audit énergétique pour savoir si votre logement est une passoire thermique
Le terme « passoire thermique » est souvent associé à des logements vétustes. Pourtant, même une habitation récente peut se révéler très énergivore ! La première étape est donc de mesurer ses performances énergétiques.
Mieux comprendre les passoires thermiques
Il s’agit de maisons ou d’appartements qui souffrent de défauts d’isolation et d’étanchéité. Cela se traduit par :
- Une difficulté à chauffer efficacement et des factures d’énergie élevées alors que la température intérieure reste basse ;
- Des ponts thermiques, c'est-à-dire des points où l’isolation thermique est rompue : cela cause des sensations de froid et de courant d’air près des parois ou des ouvertures (portes, fenêtres…) ;
- Le développement de moisissures, qui montrent des problèmes d’humidité dans certaines pièces de la maison ;
- En été, une température qui s’élève rapidement et des difficultés à rafraîchir le logement.
En plus d’un manque de confort, la passoire thermique représente des pertes d’énergie importantes et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. La rénovation de ces habitations fait partie des priorités de la loi Climat et résilience (Loi du 22 août 2021). Plusieurs mesures ont été prises pour inciter les propriétaires à rénover.
- Le déploiement d’aides financières ;
- L’interdiction depuis le 1er janvier 2023, de louer des passoires thermiques qui consomment plus de 420 kWh/m²/an ;
- Les loyers des logements les plus énergivores (plus de 420 kWh/m²/an) ne peuvent plus être augmentés depuis le 24 août 2022.
Pourquoi réaliser un audit énergétique ?
Pour la vente ou la location de votre logement, le diagnostic de performance énergétique (DPE) est obligatoire. Mais en vue de travaux, l’étape qui s’impose est celle de l’audit énergétique. A ne pas confondre !
À quoi sert l’audit énergétique ?
Il répond à plusieurs impératifs lorsque vous prévoyez des travaux de rénovation :
- Estimer le gain possible selon chaque action envisagée ;
- Chiffrer le montant des travaux et vérifier leur faisabilité ;
- Prioriser les différentes opérations en fonction des économies d’énergie ;
- Lister les aides financières selon le type d’opération.
Quelle différence entre le DPE et l’audit énergétique ?
Comme le DPE, il établit les performances énergétiques du logement. Mais il permet d’aller plus loin puisqu’il identifie les améliorations possibles. Il est obligatoire pour solliciter des aides financières à la rénovation.
À quelle étiquette correspond une passoire thermique ?
- Selon ses performances, un logement est classé de A à G. A étant le plus performant et G le plus énergivore.
- Chaque lettre correspond à un seuil de consommation d’énergie, exprimé en kilowatt consommé par heure, par m² et par an (kWh/m².an). Le classement tient aussi compte de l’émission de gaz à effet de serre (GES) : ce poids en CO² est exprimé en kg CO² eq/m².an.
- Une classe F ou G correspond à une passoire thermique.
Voici les nouveaux seuils qui s’appliquent depuis le 1er janvier 2022 (2), dans le cadre de la loi Énergie Climat.
Classement |
Consommation annuelle |
Emission de gaz à effet de serre (GES) |
---|---|---|
A |
Jusqu’à 70 kWh/m²/an |
Jusqu’6 kg CO² eq/m².an |
B |
Entre 70 et 110 |
Entre 6 et 11 |
C |
Entre 110 et 180 |
Entre 11 et 30 |
D |
Entre 180 et 250 |
Entre 30 et 50 |
E |
Entre 250 et 330 |
Entre 50 et 70 |
F |
Entre 330 et 420 |
Entre 70 et 100 |
G |
Au-delà de 420 |
Au-delà de 100 |
ExempleSi l’auditeur établit que votre logement consomme 430 kWh/m²/an, cela signifie qu’il est classé G et qu’il s’agit d’une passoire thermique.
Étape 2 : solliciter des aides pour financer la sortie de passoire thermique
En plus des dispositifs comme MaPrimeRénov’ pour la rénovation énergétique des logements, il existe des aides spécifiques pour la sortie de passoire thermique. Les conditions varient selon chaque prime, mais retenez qu’il est indispensable de faire appel à un professionnel qualifié RGE (Reconnu garant de l’environnement). Les dossiers de demande d’aide doivent être déposés avant le début des travaux.
Quels financements peuvent être mobilisés ?
MaPrimeRénov’
- Cette prime finance l’audit énergétique ainsi que les travaux qui permettent une amélioration des performances énergétiques : isolation, remplacement du chauffage, ventilation…
- Son montant varie en fonction de vos revenus : à chaque tranche de revenus correspond un profil (profil bleu, jaune, violet ou profil rose).
MaPrimeRénov’ Sérénité
- Elle est destinée aux ménages modestes ou très modestes.
- Les travaux de rénovation doivent permettre un gain énergétique d’au moins 35 %.
L’éco-PTZ (éco-prêt à taux zéro)
- Ce prêt sans intérêts est destiné aux travaux d’isolation de la toiture ou des murs, au remplacement des fenêtres…
- Le montant peut aller jusqu’à 50 000 euros dans le cadre d’une rénovation globale lorsqu’elle permet un gain énergétique d’au moins 35 %.
Les certificats d’économie d’énergie (CEE)
- Ces primes sont versées par les fournisseurs d’énergie pour financer des projets de rénovation.
- Il en existe plusieurs :
- Coup de pouce chauffage pour l’installation d’un nouveau système plus performant ou qui utilise des énergies renouvelables ;
- Coup de pouce rénovation performante d’une maison individuelle pour atteindre 55 % d’économie d’énergie dans le logement ;
La TVA à 5,5 %
- Ce taux de TVA réduit s’applique pour les travaux d’amélioration et de qualité énergétique.
- Cela comprend l’isolation thermique de la maison ou de l’appartement, ainsi que l’installation d’un nouveau chauffage plus performant, ou qui utilise des énergies renouvelables.
Le bonus pour la « sortie de passoire » : une aide incontournable pour rénover les passoires thermiques
Il existe un dispositif supplémentaire pour les logements classés F ou G : le bonus « sortie de passoire ». Ce bonus est versé lorsque les travaux effectués par les propriétaires permettent d’obtenir un classement E au minimum.
- Comme l’aide MaPrimeRénov’, le montant du bonus est indexé selon les ressources des ménages.
- La bonification varie de 500 à 1 500 euros.
- Le logement doit être occupé à titre de résidence principale.
Comment identifier les aides auxquelles vous êtes éligible ?
Pour faciliter les démarches, le Ministère de l’Économie a mis en place une plateforme unique depuis le 1er janvier 2022 : le site France-renov.gouv.fr.
Sur cette plateforme, vous pouvez :
- Estimer les aides possibles en fonction de votre projet ;
- Bénéficier de l’accompagnement gratuit par un conseiller (Mon Accompagnateur Rénov’).
AstuceDepuis le 1er janvier 2023, le recours à Mon Accompagnateur Rénov’ est obligatoire pour bénéficier de certaines aides, comme MaPrimeRénov’ Sérénité.
Les démarches et conditions varient selon les aides. Retenez que :
- La prime MaPrimeRénov’ doit être demandée sur maprimerenov.gouv.fr ;
- La prime MaPrimeRénov’ Sérénité dépend de l’ANAH (Agence nationale de l’habitat) et doit être demandée sur monprojet.anah.gouv.fr.
Étape 3 : Effectuer les travaux de rénovation nécessaires
Les professionnels distinguent trois postes d’amélioration majeurs.
Améliorer l’isolation
- Mieux isoler la toiture, les murs, les parois vitrées et les planchers bas permet une réduction immédiate de la facture d’énergie selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
- Les combles (perdus ou aménageables), la toiture, les murs et planchers peuvent être isolés par l’intérieur ou par l’extérieur.
- La technique utilisée pour poser le matériau isolant varie selon le support. Pour les murs par exemple, le matériau peut être posé sur la façade (bardage, enduit…) ou en doublage de la cloison intérieure (panneaux).
- La rénovation des parois vitrées consiste à remplacer les fenêtres ou baies vitrées par des modèles plus performants (double vitrage par exemple).
Renforcer la ventilation
Mieux ventiler permet de faire circuler un air sain pour les occupants et de limiter l’humidité. Mais lorsque le flux d’air est trop important, cela provoque des déperditions de chaleur. Plusieurs solutions sont possibles pour limiter ces déperditions thermiques, tout en tenant compte des caractéristiques de l’habitation.
- La VMC (ventilation mécanique contrôlée) simple flux est peu coûteuse mais elle extrait un volume d’air plus conséquent que d’autres systèmes. Elle nécessite la pose de conduits.
- La VMC double flux distribue un air déjà chauffé, ce qui permet des économies d’énergie. Prévoyez la pose d’un double réseau de conduits : toutes les rénovations ne s’y prêtent pas.
- La ventilation par insufflation (VMI) et la ventilation mécanique répartie (VMR) ne nécessitent pas de conduits et s’adaptent bien à un projet de rénovation.
Remplacer le chauffage
Dernière étape pour améliorer les performances : installer un système de chauffage qui offre un meilleur rendement. Cela permet de :
- Réduire la consommation en énergie utilisée pour chauffer l’habitation et produire de l’eau chaude sanitaire en choisissant un appareil plus performant : chaudière à haute performance, chaudière à condensation… ;
- Bénéficier d’un meilleur confort thermique, par exemple en installant des radiateurs à inertie ;
- Miser sur les énergies renouvelables avec une pompe à chaleur (air-eau, air-air ou pompe à chaleur géothermique), une chaudière à biomasse…
Étape 4 : Attester l’achèvement des travaux et la nouvelle étiquette énergétique
Les travaux touchent à leur fin ? Pour bénéficier des aides, l’attestation à l’achèvement des travaux (ou attestation de fin de chantier) doit être remplie par :
- Le professionnel en charge de l’audit. Il détaille la consommation avant travaux, rappelle ses préconisations et les objectifs à atteindre. Il indique les deux étiquettes énergétiques : l’ancienne et la nouvelle ;
- Les professionnels qui ont œuvré sur le chantier. Ils renseignent la nature des opérations effectuées ainsi que leur coût.
Ce document est à joindre aux factures des professionnels pour compléter votre dossier de demande de prime.
Ces quatre étapes vous permettront de sortir votre logement de l’état de passoire thermique, tout en profitant d’aides financières. Les bénéfices de ces travaux se feront vite sentir au quotidien, tant pour le confort que sur vos factures. Enfin, si vous êtes propriétaire bailleur, vous pourrez remettre le logement en location ou ajuster son loyer dès lors qu’il atteindra au moins l’étiquette E.
(1) https://www.vie-publique.fr/en-bref/285937-bilan-dpe-17-des-logements-classes-passoires-energetiques
(2) https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/2021.02.15_ew_dp_dpe.pdf