Solide comme un roc ? Même si la pierre est résistante, attention aux maladies ! La pollution ou une humidité excessive favorisent le développement de certaines pathologies : efflorescences, alvéolisation ou encore croûtes noires. Ces maladies altèrent l’apparence et la solidité d’un mur en pierre. Comment les identifier et les prendre en charge ? Diagnostic, traitements : Ootravaux vous aide à soigner vos façades.
L'essentiel
- La pierre n’est pas immuable : elle peut s’abîmer, présenter des taches ou se fissurer. Ces dommages sont révélateurs de différentes maladies : oxydation, efflorescences, pulvérulence...
- L’excès d’eau, l’environnement pollué ou un entretien inadapté sont souvent en cause.
- Comme pour toute maladie, un diagnostic est indispensable afin de déterminer les bons traitements. Cette évaluation est effectuée par un professionnel du bâtiment.
- Les spécialistes préconisent différentes techniques, qui doivent tenir compte des spécificités de la pierre : nébulisation, gommage ou nettoyage au laser notamment.
Les différentes maladies d’un mur en pierre : le tableau récapitulatif
Les pierres de votre mur s’abîment ? Voici un tableau pour mieux identifier chaque pathologie.
Type de maladie |
Symptômes |
Causes probables |
---|---|---|
Efflorescences salines |
Dépôts blanchâtres (salpêtre) sur les murs, le plus souvent poudreux ou cristallins. |
Les remontées capillaires et les infiltrations. |
Subflorescences |
Fissures et éclatement de la pierre, sans dépôts. |
L’humidité et la pression interne lorsque les sels cristallisent dans la roche. |
Croûtes noires |
Noircissement de la pierre. |
La pollution : le dioxyde de soufre transforme le calcin (couche d’une roche calcaire) en sulfin. |
Oxydation |
Taches ou coulures aux teintes rouille, brunes ou vertes. |
Corrosion d’éléments métalliques (fer, cuivre, bronze…). |
Décoloration ou blanchiment |
Zones plus claires, taches ternes ou décolorées, auréoles blanchâtres. |
Lavage excessif, infiltrations, exposition au soleil, pluies acides ou produits chimiques inadaptés. |
Pulvérulence |
La roche se désagrège en poussière au toucher. |
Environnement pollué ou trop humide, altération chimique. |
Desquamation |
Morceaux de roche qui se détachent en feuillets (pelure). |
Variations de température (gel et dégel), cristallisation saline et environnement humide. |
Alvéolisation |
Formation de trous en alvéole (petites cavités). |
Humidité et cristallisation de la roche. |
Écaillage |
Petits fragments qui se détachent de la pierre |
Humidité, pression interne en raison de la cristallisation, variations thermiques. |
Colonisation biologique |
Dépôts verts, noirs ou grisâtres. |
Développement de mousses, lichens ou algues. |
Déformation et affaissement |
Paroi bombée, pierres décalées ou déplacées. |
Sol instable (fondations insuffisantes ou présentant un défaut), saturation du sol en eau, roches fortement fragilisées. |
Comprendre la nature des pierres et leur vulnérabilité aux maladies
Un environnement trop humide, des produits chimiques ou encore un air pollué sont de véritables ennemis pour la santé de vos pierres. Néanmoins, toutes les roches ne sont pas aussi vulnérables.
Pourquoi certaines pierres sont plus sensibles aux maladies que d’autres ?
Des roches calcaires ou tuffeau (une roche claire surtout présente dans la Loire ou en Touraine) sont particulièrement poreuses. Elles absorbent des polluants atmosphériques (pluies acides) ou des produits chimiques issus de produits de nettoyage.
À l’inverse, le granite ou le basalte sont plus résistants. Enfin, certaines roches présentent des microfissures naturelles, comme le marbre, ce qui les expose aux effets du gel.
Les caractéristiques à retenir selon la roche
Traditionnellement, les pierres utilisées en construction sont locales mais d’autres éléments entrent aussi en compte.
Roche naturelle |
Caractéristiques |
Vulnérabilités |
---|---|---|
Calcaire |
Roche tendre à dure, poreuse. |
Environnements pollués, sensibilité au gel, cristallisations, pluies acides. |
Grès |
Roche tendre à dure. Poreuse. |
Effritement (écaillage, pulvérulence), sensibilité au gel, développement de mousses, lichens et algues. |
Granite |
Roche très dure et peu poreuse. |
Fissures structurelles, oxydation en présence d’éléments métalliques. |
Schiste |
Résistante et peu poreuse, structure feuilletée. |
Fissures, décollements en couches. |
Tuffeau |
Roche très poreuse et tendre. |
Forte sensibilité à l’humidité, au gel, aux cristallisations (dépôts de sels). |
Bon A SavoirLa pierre peut être utilisée sous plusieurs formes pour la construction : la pierre de taille ou reconstituée, le moellon ou le parement. La pierre naturelle (de taille) est la plus exposée aux maladies.
Murs en pierre : quelles sont les signes les plus courants d’une maladie ?
Vous avez peut-être déjà observé des traces verdâtres sur les parois, ou des surfaces qui s’effritent. Ces signes montrent une fragilité et d’autres symptômes doivent vous alerter.
La pierre change de couleur, présente des taches ou une décoloration
Des taches brunes ou orangées signalent une oxydation, tandis qu’un noircissement résulte souvent d’un environnement pollué.
Lorsque la roche est exposée à un traitement chimique inadapté (lors d’un ravalement par exemple), une décoloration localisée peut apparaître.
Des dépôts se forment à la surface de la pierre
En cas d’humidité excessive ou de remontées capillaires, des sels migrent à travers la roche et se cristallisent en surface. Ces efflorescences forment des dépôts blanchâtres (salpêtre). Les dépôts noirâtres (algues noires notamment) fragilisent également les roches.
Des mousses ou des algues se développent sur la paroi
Une humidité excessive favorise l’apparition de mousses, de lichens ou d’algues sur la maçonnerie. En plus de former des taches vertes visibles, ces micro-organismes corrodent la pierre.
La pierre s’effrite, se fissure ou s’écaille
Lorsque le matériau forme de petites écailles, s’effrite au toucher ou se réduit en poussière, attention danger ! Cette dégradation peut être due au gel ou encore à la cristallisation de sels (subflorescences). Même des fissures fines doivent être prises au sérieux : elles permettent à l’eau de pénétrer en profondeur dans la roche.
Le mur s’affaisse ou se déforme
Même sans décolorations ou taches en surface, le matériau peut montrer des signes d’affaissement ou de déformation. Cela indique une perte de solidité et met en danger la structure.
Maladies des murs en pierre : les causes
Différents facteurs favorisent l’apparition d’une maladie.
La pluie, les infiltrations d’eau, les remontées capillaires
Une roche très poreuse supporte mal les environnements trop humides. En cas de fortes pluies, de remontées capillaires ou d’infiltrations, elle se détériore et sa surface s’altère. Cela favorise le développement de mousses et de lichens ainsi que la cristallisation des sels, eux-mêmes facteurs aggravants.
La pollution atmosphérique et l’exposition à des éléments chimiques ou métalliques
Les particules chimiques transportées par les eaux de pluie (dioxyde de soufre, oxyde d’azote…) abîment les pierres d’une maison. Dans le cas des pierres calcaires, le calcin est rongé, ce qui ôte à la roche sa couche protectrice. Un air pollué peut aussi entraîner une décoloration ou la formation de croûtes noires.
De la même manière, l’utilisation de produits chimiques agressifs, ou la proximité d’éléments métalliques, altère et oxyde les roches.
Un entretien inadapté
L’utilisation d’un jet d’eau à haute pression, ou un brossage abrasif, peut fragiliser le matériau. Il est également recommandé d’éviter des produits chimiques agressifs pour les pierres. Enfin, l’application d’un enduit ou d’un mortier sur une façade empêche l’évaporation naturelle des eaux, ce qui provoque des dégâts internes.
Pathologie des murs en pierre : comment réagir ?
Avant toute intervention, il est indispensable d’identifier la cause de dégâts sur une façade. Des traitements inadaptés risquent en effet de causer encore plus de problèmes.
Comment diagnostiquer la pathologie d’une façade ?
La première étape consiste à observer l’ensemble des signes visibles sur la façade : taches, décolorations, efflorescences, présence de salpêtre, fissures…
Il est recommandé de faire appel à un professionnel : un maçon, un tailleur de pierre ou encore un géologue. Ces spécialistes disposent de toute l’expertise nécessaire et du matériel adéquat pour :
- Mesurer la porosité de la roche ;
- Détecter des infiltrations ;
- Identifier le taux d’hygrométrie dans les murs de la maison ;
- Évaluer l’acidité des surfaces lorsque l’environnement est pollué.
Astuce : Lorsqu’il est nécessaire d’intervenir sur les fondations, soit pour les consolider soit pour renforcer leur drainage, l’intervention d’un Bureau d’étude technique (BET) est recommandée.
Quels sont les traitements à appliquer pour soigner des façades ?
Il existe différentes solutions : une prise en charge efficace nécessite de traiter la cause de la pathologie, sous peine d’observer de nouvelles dégradations.
Pathologies |
Techniques à appliquer |
---|---|
Croûtes noires |
Brossage manuel et microgommage. |
Efflorescences, subflorescences, décolorations |
Enlever le salpêtre, drainer et traiter l’excès d’eau. |
Mousses, algues et lichens |
Traitement antifongique, brossage doux, évacuation des eaux. |
Taches de rouille |
Suppression des éléments métalliques, brossage doux. |
Pulvérulence, desquamation, écaillage |
Évacuer les eaux, suppression de l’enduit étanche s’il y en a un, minéralisation du mur pour le consolider (enduit à la chaux). |
Fissures, alvéolisation |
Renforcement des évacuations, réparation au mortier de chaux, remplacement localisé des pierres si nécessaire. |
Affaissement de la façade |
Reprise des fondations si nécessaire. |
Quelles mesures préventives pour éviter les maladies des murs ?
Plusieurs solutions aident à limiter le développement de maladies.
Assurer l’évacuation et le drainage des eaux
Vous l’avez compris : pour la bonne santé de vos pierres, l’excès d’humidité est à proscrire. Les eaux de pluie doivent être correctement évacuées, en s’assurant du bon état des gouttières par exemple et d’une évacuation des eaux au sol. Pensez également à l’installation de barrières d’étanchéité en cas de remontées capillaires, et à la mise en place d’un drainage (drains d’évacuation) si nécessaire.
Nettoyer régulièrement les façades
L’entretien des murs est préconisé tous les 3 à 5 ans, en privilégiant des méthodes douces qui n’agressent pas les matériaux. Cela permet de supprimer les dépôts organiques, les mousses, les croûtes noires avant que la roche ne soit attaquée en profondeur.
Utiliser uniquement des produits compatibles avec le type de roche
Les enduits étanches sur une paroi qui a besoin de respirer, les produits chimiques ou les méthodes abrasives peuvent accélérer une dégradation. Privilégiez des produits compatibles : un mortier à la chaux pour des joints, des traitements biocides adaptés à la roche…
Surveiller régulièrement le bon état de la façade
Enfin, une surveillance attentive des parois permet de détecter des problèmes avant qu’ils ne s’aggravent. Vous pouvez solliciter un professionnel du bâtiment pour une vérification annuelle. Retenez également que les travaux de rénovation des murs en pierre (en intérieur ou en extérieur) sont recommandés tous les 15 à 20 ans.
Traiter les maladies des murs en pierre : à quel prix ?
Ootravaux vous indique des exemples de tarifs pratiqués par les professionnels du bâtiment pour des travaux de nettoyage ou de rénovation.
Méthode de nettoyage |
À retenir |
Prix au m², produits et main d’œuvre (1) |
---|---|---|
Haute pression |
À proscrire pour des pierres friables ou exposées à l’humidité |
Entre 10 et 50 euros |
Chimique |
Produits appliqués sur la façade à la brosse ou au pulvérisateur. |
Entre 8 et 35 euros |
Nébulisation (hydro-curage) |
Préconisé pour ôter les dépôts cristallisés (salpêtre) ou avant un ravalement. |
Entre 15 et 20 euros |
Peeling |
Pulvérisation d’une poudre non abrasive, préconisée pour des bâtiments fragiles. |
Entre 25 et 50 euros |
Gommage |
Sablage, gommage écologique ou hydrogommage. |
Entre 20 et 70 euros |
Laser |
Technique non-abrasive qui agit sur les surfaces des parois. |
Entre 50 et 100 euros |
Ootravaux vous recommande de solliciter plusieurs devis auprès des professionnels du bâtiment pour comparer les solutions et leur prix.
Glossaire
Certains termes techniques de cet article vous semblent complexes ? Pas de panique ! Ootravaux vous propose un glossaire clair et concis pour tout comprendre et faire les meilleurs choix.
Efflorescences : dépôts blanchâtres de sels en surface de la pierre.
Subflorescences : dépôts de sel formés à l’intérieur de la pierre, pouvant provoquer fissures et éclatements.
Pulvérulence : état d’un matériau qui se désagrège en fine poussière
Nébulisation : projection d’eau ou de produit sous forme de fines gouttelettes. Cette méthode est souvent préconisée pour une surface délicate.
(1) Prix moyens issus de différents sites de construction et travaux