MaPrimeRénov’ a été, depuis 2020, l’aide de référence pour la rénovation énergétique des logements en France. Son succès ne s’est pas démenti, mais son coût, lui, a explosé. Depuis janvier 2025, le dispositif est suspendu pour les nouvelles demandes. Si cette pause fragilise de nombreux projets, elle ne rend pas la rénovation impossible. Les alternatives sont nombreuses, souvent cumulables, parfois mieux adaptées.
Cet article vous propose un tour d’horizon complet et structuré de toutes les aides disponibles en 2025 pour continuer à améliorer la performance énergétique de votre logement.
L'essentielLa suspension de MaPrimeRénov’ en 2025 bouleverse les habitudes mais n’empêche pas de rénover. En structurant bien son projet, en mobilisant les bonnes aides et en respectant les démarches, il est possible de financer :
- jusqu’à 90 % du coût des travaux pour un ménage modeste,
- une rénovation globale en copropriété,
- une rénovation locative avec avantage fiscal,
- des travaux techniques en logement individuel ou rural.
La clé : ne pas rester seul face à la complexité. Des acteurs publics ou privés peuvent vous guider gratuitement.
Ce que change la suspension de MaPrimeRénov’ en 2025
La suspension annoncée par le ministère de la Transition écologique vise à réorganiser le dispositif autour de rénovations plus globales. Concrètement, cela implique :
- la fermeture temporaire cet été des dépôts des dossiers pour la rénovation globale individuelle et pour les travaux individuels d’isolation ou de changement de système de chauffage ;
- le traitement normal des dossiers déjà déposés ;
- une réforme prévue pour le second semestre 2025, centrée sur les logements très énergivores (classes F et G).
Si MaPrimeRénov’ n’est plus disponible pour l’instant, de nombreux dispositifs restent actifs. Leur bonne articulation permet de bâtir un financement robuste, adapté aux profils et aux projets.
Les six grandes familles d’aides encore disponibles
En 2025, la rénovation énergétique repose sur un écosystème diversifié, réparti en six grands volets :
1. Les dispositifs nationaux
Ils restent le socle de nombreux projets de travaux.
Certificats d’Économies d’Énergie (CEE)
Mis en place par l’État, les CEE obligent les fournisseurs d’énergie à financer des travaux d’économies. Le montant varie selon les revenus du foyer, la nature des travaux et le lieu de résidence. Des bonifications appelées "Coup de pouce" existent pour l’isolation, le chauffage ou la rénovation globale.
Éco-prêt à taux zéro (Éco-PTZ)
Ce prêt sans intérêt est distribué par les banques conventionnées. Il peut atteindre jusqu’à 50 000 €, remboursables sur 15 à 20 ans. Aucun plafond de ressources n’est exigé, mais les travaux doivent être réalisés par des artisans RGE.
Action Logement
Les salariés du secteur privé peuvent obtenir jusqu’à 20 000 € de subvention pour la rénovation de leur résidence principale, sous condition de ressources. Un prêt à taux réduit peut aussi compléter l’aide.
TVA à 5,5 %
Applicable directement sur la facture des travaux, cette TVA réduite concerne les logements de plus de 2 ans. Elle porte sur les équipements et la main-d’œuvre, à condition que les travaux soient réalisés par un professionnel RGE.
Exonération de taxe foncière
Certaines communes proposent une exonération partielle ou totale pendant 3 ans pour les logements rénovés avant 1989. Il faut déposer sa demande avant le 1er janvier suivant la fin des travaux.
Aides de l'ANAH hors MaPrimeRénov'
L'ANAH maintient plusieurs dispositifs indépendants de MaPrimeRénov'.
- MaPrimeAdapt' cible l'adaptation des logements à la perte d'autonomie, finançant monte-escaliers, aménagements de salles de bain et travaux d'accessibilité.
- Ma Prime Logement Décent s'adresse aux situations d'habitat indigne ou très dégradé, avec obligation d'atteindre l'étiquette E pour les propriétaires occupants ou D pour les bailleurs.
- Loc'Avantages offre une réduction d'impôt proportionnelle à l'effort consenti sur les loyers, en contrepartie de plafonds de ressources pour les locataires.
2. Les aides régionales et locales
Les aides régionales locales représentent aujourd’hui la première source de financement disponible (36,8 % des aides mobilisées en 2025).
Elles prennent différentes formes :
- Subventions directes (ex : Éco Travo à Rennes jusqu’à 15 000 €) ;
- Primes à la performance (ex : Effilogis jusqu’à 10 000 € en Bourgogne-Franche-Comté) ;
- Aides aux matériaux écologiques (ex : prime biosourcée à Lyon) ;
- Chèques énergie régionaux ;
- Exonérations locales de taxe foncière.
Ces dispositifs sont souvent conditionnés à :
- la performance énergétique visée,
- un audit préalable,
- l’accompagnement par un opérateur public (Espace Conseil France Rénov’, tiers-financeur…)
3. Les prêts bancaires spécifiques à la rénovation
Les banques se positionnent désormais comme partenaires actifs de la rénovation.
Exemples d’offres disponibles en 2025 :
- Banque Populaire / Caisse d’Épargne : prêt rénovation de 1 000 à 75 000 €, jusqu’à 10 ans ;
- Crédit Agricole : prêt avance rénovation pour ménages modestes et seniors ;
- CIC / Crédit Mutuel : préfinancement des aides, prêt transition énergétique ;
- La Banque Postale : prêt vert travaux, y compris pour copropriétés.
Les conditions (montant, durée, taux, assurance) varient selon le profil de l’emprunteur et la nature du projet. Un prêt peut souvent compléter ou anticiper les aides publiques, surtout lorsque les délais de versement sont longs.
4. Les dispositifs fiscaux
Ils permettent de réduire l’impôt ou de lisser l’effort financier sur plusieurs années.
TVA à 5,5 %
Immédiatement appliquée sur la facture si les critères sont remplis.
Exonération de taxe foncière
50 % à 100 % d’abattement pendant 3 ans, si décidée par la commune.
Dispositif Denormandie
Pour les bailleurs qui rénovent un logement ancien dans une ville du programme "Action Cœur de Ville". Jusqu’à 63 000 € de réduction d’impôt, selon la durée d’engagement locatif (6, 9 ou 12 ans).
Déficit foncier
Imputation des dépenses de rénovation sur les revenus locatifs, dans la limite de 10 700 € par an. Intéressant pour les bailleurs imposés au régime réel.
5. Les primes des fournisseurs d’énergie
Les opérateurs privés proposent des offres clé en main, parfois bonifiées selon la zone géographique ou les revenus.
Les acteurs principaux : EDF, Engie, TotalEnergies, Hellio, Effy, Quelle Energie.
Les travaux concernés :
- isolation des combles, planchers ou murs ;
- remplacement des systèmes de chauffage ;
- installation de régulations ou de systèmes solaires.
Ces primes sont cumulables avec l’Éco-PTZ, les aides locales ou la TVA réduite. Les délégataires proposent en général un accompagnement gratuit pour constituer les dossiers.
6. Les dispositifs pour profils spécifiques
Plusieurs aides sont ciblées sur des publics particuliers.
Copropriétés
- MaPrimeRénov’ Copropriété : toujours active, jusqu’à 25 000 € par logement,
- Éco-PTZ collectif,
- Fonds travaux obligatoire,
- Aides spécifiques pour les copropriétés fragiles.
Agriculteurs
- Aides PCAE (Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles),
- CEE agricoles,
- Soutiens à la méthanisation ou à l’électrification solaire.
Artisans et TPE/PME
- Programme Tremplin ADEME,
- Prêts verts Bpifrance,
- Subventions régionales à la modernisation.
Collectivités territoriales
- Fonds Vert pour les bâtiments publics,
- Programmes ACTEE (accompagnement + audit),
- Intracting : avances remboursées sur les économies d’énergie.
Bien organiser son projet : les cinq étapes recommandées
Faire un diagnostic ou un audit énergétique
Le diagnostic ou l'audit énergétique est souvent une condition préalable pour obtenir les aides locales ou le CEE bonifié. Il permet d’identifier les gains potentiels et de hiérarchiser les travaux.
Lister toutes les aides disponibles selon votre profil
Les aides varient selon la région, le type de logement, le statut (propriétaire occupant, bailleur, copropriété…). Un conseiller France Rénov’ peut vous orienter gratuitement.
Préparer les démarches dans le bon ordre
Certaines aides exigent un devis signé avant dépôt de la demande (CEE). D’autres imposent une demande préalable (Éco-PTZ, aides régionales).
Vérifier les compatibilités entre dispositifs
CEE + Éco-PTZ + TVA à 5,5 % = cumul possible. En revanche, Loc’Avantages n’est pas cumulable avec MaPrimeRénov’. Le cumul est souvent conditionné au respect de plafonds de ressources ou de travaux.
S’entourer d’un accompagnement neutre
France Rénov’, ADIL, CMA ou CCI selon votre statut. Certains opérateurs privés (Effy, Hellio) offrent un accompagnement simplifié.
FAQ : les questions que vous vous posez
Puis-je encore obtenir des aides si je suis propriétaire occupant ?
Oui. CEE, Éco-PTZ, TVA 5,5 %, aides locales et primes des fournisseurs sont accessibles sans MaPrimeRénov’.
Dois-je faire appel à un professionnel RGE ?
Oui, c’est une condition indispensable pour bénéficier de la plupart des aides (CEE, Éco-PTZ, TVA réduite, aides régionales…).
Puis-je cumuler plusieurs aides ?
Oui, dans la plupart des cas. L’idéal est de planifier en amont et de vérifier les conditions de cumul spécifiques à chaque aide.
Quels travaux sont concernés ?
Isolation, ventilation, chauffage, régulation, énergies renouvelables. Pour chaque catégorie, des fiches standardisées définissent les critères d’éligibilité.