Avec l’intensification des épisodes caniculaires en France, la recherche de fraîcheur devient un réflexe quotidien. Mais dans cette quête, plusieurs gestes paraissent naturels… tout en étant peu adaptés voire risqués pour le corps ou pour l’environnement. Boissons glacées, climatisation poussée, douches froides ou fenêtres ouvertes en pleine journée : ces fausses bonnes idées sont légion. Petit tour d’horizon des gestes à relativiser quand le mercure s’emballe.
Prendre une douche froide : un inconfort plus qu’un soulagement
Face à une chaleur étouffante, plonger sous un jet glacé peut sembler salutaire. Pourtant, le choc thermique provoque une vasoconstriction, qui freine le refroidissement naturel du corps. Résultat : une sensation de malaise, voire une montée de la température corporelle une fois sorti de la douche.
Notre recommandation : mieux vaut privilégier une eau tiède à fraîche, ou appliquer un peu d’eau sur le visage et les avant-bras pour rafraîchir les zones sensibles.
Climatiser à fond, un soulagement à double tranchant
Sur le moment, régler la clim au plus bas semble logique. Mais une température trop basse provoque un décalage thermique difficile à gérer pour le corps, surtout en cas d’allers-retours fréquents entre l’intérieur et l’extérieur. Les experts recommandent de ne pas descendre sous 24 °C en journée, et 22 °C la nuit.
Au-delà de l’inconfort, la généralisation de la climatisation entraîne des effets secondaires à grande échelle. Selon l’Ademe, les climatiseurs alimentent les îlots de chaleur urbains en rejetant l’air chaud à l’extérieur. À Paris, leur usage intensif pourrait augmenter la température de 2 à 3,6 °C, aggravant les canicules futures.
L'Ademe évoque déjà la possibilité d’un malus sur les équipements énergivores. Sans compter une facture d’électricité en hausse, avec une consommation anticipée à 27 TWh d’ici 2050 (1).
Boire glacé, un risque pour la digestion et les dents
Autre geste courant : boire de l’eau très froide ou croquer un glaçon. Ces réflexes, très répandus, sont contre-indiqués en période de forte chaleur. Le corps, déjà échauffé, réagit mal au froid extrême. Boire glacé provoque des spasmes digestifs et ralentit la réhydratation, en coupant la sensation de soif. Plus encore, croquer un glaçon abîme l’émail dentaire et peut provoquer des microfissures douloureuses, surtout sur des dents fragilisées. Même sans les croquer, le simple contact prolongé peut déclencher des douleurs aiguës.
Il est recommandé de boire lentement, à température ambiante ou légèrement fraîche. En terrasse, mieux vaut demander une boisson sans glaçons, ou les ajouter progressivement soi-même.
Ouvrir les fenêtres en journée : une habitude à inverser
L’idée d’ouvrir pour « faire circuler l’air » est tentante mais inadaptée. En pleine journée, cela fait entrer la chaleur et réduit les bénéfices des volets fermés. Pour aérer, l’idéal reste d’ouvrir la nuit ou tôt le matin, lorsque l’air est plus frais.
Couplée à une bonne isolation et à des protections solaires extérieures (volets, stores), l’aération nocturne améliore durablement le confort thermique.
Manger léger, oui – sauter les repas, non
Même si l’appétit diminue avec la chaleur, il est nécessaire de continuer à manger, notamment des aliments riches en eau (fruits, légumes crus). Sauter les repas affaiblit l’organisme, au moment où il doit déjà réguler sa température.
Il est aussi recommandé de limiter les plats chauds ou leur préparation, qui génèrent des sources de chaleur inutiles dans le logement.
Ventilateur, brumisateur : un duo efficace… si bien utilisé
Le ventilateur reste un allié pratique. Il aide à brasser l’air et à mieux supporter la chaleur, surtout associé à un brumisateur. Mais attention : l’appareil doit être nettoyé régulièrement, placé à un ou deux mètres du visage pour éviter les irritations (1).
Quant au linge humide posé sur le ventilateur, il n’apporte pas de réel bénéfice et peut même présenter un risque de surchauffe de l’appareil.
(1) capital.fr, « Vague de chaleur : cette fausse bonne idée pourrait vous coûter cher ».