Alors que les vagues de chaleur s’intensifient en France, le débat autour de la climatisation refait surface. Entre ceux qui veulent généraliser son usage et ceux qui pointent son bilan carbone, les positions sont tranchées. Mais que révèlent les chiffres récents et les évolutions techniques sur l’impact environnemental réel de la climatisation ? Décryptage.
La climatisation contribue aux émissions, mais à un niveau contenu
En France, la climatisation représentait environ 1 % des émissions nationales de gaz à effet de serre en 2020, selon l’Ademe (1). Cela équivaut à 4,8 millions de tonnes de CO₂ pour l’ensemble du territoire, y compris les DOM-COM. Un chiffre à relativiser au regard des 400 millions de tonnes émises tous secteurs confondus cette même année.
À noter que seuls 25 % des logements et 40 % des entreprises étaient alors équipés. Ce taux, en augmentation, pourrait logiquement faire grimper les émissions liées à la climatisation dans les années à venir.
Des gaz réfrigérants encore très polluants
Le point le plus problématique ne se trouve pas dans la consommation d’électricité, largement décarbonée en France, mais dans les gaz réfrigérants contenus dans les climatiseurs. Certains d’entre eux peuvent être jusqu’à 2 000 fois plus polluants que le CO₂.
Les émissions dues à ces fluides atteignaient 3,5 millions de tonnes équivalent CO₂ en 2020, soit près des deux tiers des émissions liées à la climatisation. Ces gaz s’échappent principalement au moment de l'installation, pendant la maintenance ou à la fin de vie des équipements (1).
Des comparaisons à manier avec prudence
À l’échelle mondiale, les climatiseurs émettent environ 1 milliard de tonnes de CO₂ chaque année, soit près de 3 % des émissions globales – un niveau comparable à celui du trafic aérien selon l’Agence internationale de l’énergie (2).
Mais ce parallèle ne vaut pas pour la France : l’aviation y a généré plus de 24 millions de tonnes de CO₂ en 2019, soit cinq fois plus que la climatisation (3). La différence s’explique en grande partie par la nature du mix énergétique français, dominé par le nucléaire et l’hydroélectricité.
Des perspectives d’évolution technique encourageantes
La réglementation européenne F-GAS (517/2014/UE) continue de faire baisser la présence des gaz les plus polluants dans les équipements. L’Ademe estime qu’en 2050, les émissions liées aux gaz réfrigérants pourraient descendre à 0,4 million de tonnes, même dans les scénarios les moins optimistes (1).
Ce progrès pourrait être partiellement neutralisé par l'augmentation du nombre d’appareils, mais l’impact global resterait en deçà du niveau actuel. À terme, la principale source d’émissions liées à la climatisation pourrait redevenir… l’électricité consommée, malgré son bon bilan carbone.
Vers une utilisation plus raisonnée de la clim
La climatisation reste indispensable lors des fortes chaleurs, mais son usage peut être optimisé pour limiter son impact environnemental.
- Attendre 30°C à l’extérieur avant de l’allumer, au lieu de 27°C, divise par trois la consommation d’énergie. Ce petit ajustement réduit la demande électrique, notamment aux heures de pointe.
- Régler la température intérieure à 26-27°C au lieu de 20°C réduit aussi fortement la consommation, car chaque degré en moins augmente la consommation de 5 à 10 % et peut provoquer un inconfort thermique.
- L’entretien régulier des appareils est essentiel. Un climatiseur mal entretenu perd en efficacité et favorise les fuites de gaz réfrigérants, très polluants. Un suivi professionnel limite ces pertes et prolonge la durée de vie des équipements.
Enfin, des solutions complémentaires comme fermer les volets, aérer aux heures fraîches, ou utiliser des matériaux réfléchissants aident à réduire le recours à la climatisation. Ces gestes simples permettent de concilier confort et sobriété énergétique, nécessaires face à la hausse des épisodes de chaleur.
(1) Ademe, "La climatisation dans le bâtiment", cité par Franceinfo, juillet 2025
(2) AIE, chiffres relayés par Les Échos, 2024
(3) Ministère chargé des Transports, éco-calculateur 2019