Entre annonce de suspension, retour partiel et calendrier flou, le sort de MaPrimeRénov’ a changé trois fois en deux semaines. Pour les ménages qui avaient prévu des travaux pendant l’été, le message du gouvernement s’est finalement clarifié : l’aide est maintenue sous conditions. Voici ce qu’on peut encore engager… et ce qui est gelé jusqu’à la rentrée.
Des travaux toujours aidés, mais à condition de rester sur des travaux simples
Si vous pensiez refaire tout votre logement cet été, il faudra sans doute patienter. Mais pour les petits travaux ciblés, le dispositif reste actif. C’est le cas par exemple si vous remplacez une vieille chaudière, isolez les combles ou changez vos fenêtres vétustes. En clair, MaPrimeRénov’ continue de soutenir les travaux dits “mono geste”, c’est-à-dire limités à un seul poste de rénovation.
Le principe est simple : tant que vous restez sur un chantier isolé — pas de combinaison chauffage + isolation, ni de rénovation complète — vous pouvez déposer un dossier comme avant. Cela vaut aussi pour certains projets en copropriété, notamment le ravalement de façade avec isolation, qui reste dans les clous pour l’instant.
Rénovations globales : mise sur pause jusqu’à mi-septembre
Là où le gouvernement a mis le holà, c’est sur les projets dits “d’ampleur” : ceux qui mêlent plusieurs types de travaux et visent une transformation complète du logement. Objectif affiché : ralentir la fraude, après une explosion du nombre de dossiers douteux, selon les services de l’État. En attendant d’y voir plus clair, les rénovations combinées sont suspendues jusqu’au 15 septembre. Pas de nouveau dossier accepté avant cette date.
Cette pause estivale est censée permettre à l’Anah (l’agence qui gère les aides) de reprendre le contrôle. Mais elle tombe à un moment où de nombreux chantiers étaient déjà planifiés, ce qui agace autant les particuliers que les artisans.
Méfiance sur les accompagnateurs : des abus dans 1 cas sur 10
Depuis 2024, tout projet financé par MaPrimeRénov’ doit passer par un accompagnateur agréé, censé guider les ménages dans leurs choix et suivre le chantier. Mais selon plusieurs sources, 10 % de ces professionnels présenteraient des pratiques douteuses : conseils biaisés, visites bâclées, ententes suspectes avec certains artisans.
Ce n’est pas toujours facile à repérer, mais quelques signes peuvent alerter. Un accompagnateur qui ne facture rien ou qui impose un artisan, par exemple, sort du cadre. La première visite doit aussi être sérieuse : un vrai diagnostic prend du temps et ne se résume pas à quelques questions sur un coin de table.
Le gouvernement promet un nettoyage du dispositif, mais d’ici là, la prudence reste de mise.
À quoi s’attendre à la rentrée ?
Le retour à la normale, prévu pour la mi-septembre, pourrait bien être accompagné de nouvelles règles. Le budget de MaPrimeRénov’ reste stable pour 2025, mais plusieurs signaux laissent entendre que les barèmes d’aide seront revus à la baisse, même pour les foyers modestes. Autrement dit, le reste à charge risque d’augmenter, y compris pour des travaux pourtant prioritaires.
Rien n’est tranché pour le moment, mais les annonces sont attendues courant août. Pour ceux qui envisagent un chantier à moyen terme, mieux vaut se tenir prêt à ajuster le plan de financement.
Les pros du bâtiment sous pression
Côté artisans, la situation est plus que tendue. Avec des retards de versement parfois supérieurs à un an, des procédures floues et des changements de règles à répétition, de nombreuses PME sont fragilisées. Certaines attendent encore des paiements de l’Anah sur des dossiers déposés en 2021. Résultat : des trésoreries à sec, des chantiers décalés, et une vraie incertitude sur les mois à venir.
Des entrepreneurs envisagent désormais des actions collectives contre l’État, dénonçant un système devenu imprévisible et impossible à gérer au quotidien.
En résumé, cet été, vous pouvez encore changer vos fenêtres, isoler votre toiture ou remplacer une chaudière. Mais pour tout projet plus ambitieux, il faudra attendre septembre — et sans doute composer avec des aides moins généreuses qu’aujourd’hui.
