L’été 2025, le chikungunya revient en force en France. Des cas locaux ont été détectés dès juin, surtout en Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie, portés par la progression du moustique-tigre. La vigilance sanitaire s’intensifie face à ce nouveau foyer. Que faut-il savoir et comment se protéger ?
Le moustique-tigre reste actif plus tôt et plus longtemps
L’installation durable du moustique-tigre dans 78 départements en 2025 a modifié les dynamiques de circulation du virus. Contrairement aux années précédentes où la saison de transmission débutait plutôt en août, les premières contaminations locales ont été recensées dès la mi-juin (1). Une évolution directement liée à un printemps particulièrement chaud et humide, favorable au développement de l’insecte vecteur.
Avec des températures supérieures aux normales de saison, le moustique Aedes albopictus, déjà très présent dans le sud de la France, s’est propagé plus au nord et reste actif sur une période plus longue. Cela étend mécaniquement la fenêtre de risque épidémique.
Des transmissions locales confirmées dans plusieurs départements
Selon l’Institut Pasteur, plus d’une vingtaine de cas autochtones ont été confirmés au 1er juillet dans trois foyers distincts situés dans l’Hérault, l’Ardèche et la Drôme (1). Ces contaminations sans lien avec un voyage en zone tropicale signalent que la transmission locale est bien enclenchée, via des moustiques ayant piqué une personne porteuse du virus à son retour.
Les autorités sanitaires insistent sur le fait que ces foyers sont circonscrits, mais leur nombre croissant inquiète. La probabilité d’une propagation vers d’autres zones proches reste réelle, d’autant que les moustiques infectés peuvent circuler sur plusieurs centaines de mètres, voire plus dans des milieux urbains denses.
Des symptômes encore peu connus du grand public
Le chikungunya se manifeste par une fièvre soudaine, des douleurs articulaires intenses, parfois accompagnées de maux de tête, d’éruptions cutanées ou de troubles digestifs. Ces symptômes apparaissent en moyenne 4 à 7 jours après la piqûre infectante.
La maladie reste le plus souvent bénigne, mais les douleurs articulaires peuvent persister plusieurs semaines, voire plusieurs mois chez certaines personnes, en particulier les plus âgées ou atteintes de maladies chroniques.
Prévenir la transmission chez soi et dans son environnement
Face à cette circulation locale du virus, des gestes simples peuvent réduire considérablement le risque de transmission. Le chikungunya ne se transmet que par piqûre : le moustique est le seul vecteur. Voici les précautions les plus utiles :
Supprimer les zones de ponte autour de la maison
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Vider régulièrement tous les contenants d’eau stagnante : coupelles de pots de fleurs, arrosoirs, seaux, gouttières bouchées, bâches mal tendues…
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Couvrir les récupérateurs d’eau de pluie avec un tissu ou un couvercle hermétique.
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Nettoyer les regards d’évacuation et les caniveaux pour empêcher la formation de flaques.
Ces actions sont à répéter chaque semaine, car les œufs de moustique peuvent survivre plusieurs jours au sec et éclore dès la prochaine pluie.
Quand envisager l'intervention d'un professionnel ?
Une intervention peut être utile si :
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les gestes de prévention classiques (suppression des eaux stagnantes, répulsifs, moustiquaires) ne suffisent plus ;
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des cas de piqûres nombreuses et régulières sont signalés ;
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vous vivez dans une zone à risque ou à proximité d’un foyer de transmission identifié.
Les entreprises spécialisées en désinsectisation peuvent intervenir pour :
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localiser les zones de ponte (eaux stagnantes, végétation dense, recoins humides) ;
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traiter les larves à l’aide de produits larvicides ;
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réduire les populations adultes par pulvérisation ou nébulisation d’insecticide.
Ces traitements doivent être strictement encadrés, car ils peuvent aussi toucher d’autres insectes utiles (comme les abeilles). Les professionnels appliquent des produits homologués, en respectant les consignes de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Éviter les piqûres
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Utiliser un répulsif cutané adapté, notamment le matin et en fin de journée, lorsque le moustique-tigre est le plus actif. Il existe des formules spécifiques pour les enfants ou les femmes enceintes.
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Porter des vêtements longs et clairs, couvrant bras et jambes, surtout en extérieur ou dans des zones boisées ou humides.
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Installer des moustiquaires sur les fenêtres ou autour du lit, notamment dans les chambres d’enfants ou dans les lieux non climatisés.
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Allumer un ventilateur dans les pièces fréquentées : le moustique a du mal à voler dans l’air en mouvement.
Le chikungunya, désormais inscrit dans les risques sanitaires saisonniers
Jusqu’alors considéré comme un virus tropical marginal en métropole, le chikungunya s’inscrit désormais dans la liste des risques sanitaires estivaux à surveiller, au même titre que la dengue ou le virus du Nil occidental.
La combinaison de facteurs climatiques favorables, d’un vecteur désormais implanté durablement et de l’augmentation des voyages internationaux crée un terrain propice à une circulation plus régulière du virus, chaque été.
Le ministère de la Santé et Santé publique France invitent les habitants des zones concernées à signaler rapidement tout symptôme évocateur, en particulier en cas de fièvre associée à des douleurs articulaires après une piqûre de moustique. L’objectif reste de casser rapidement les chaînes de transmission avant l’apparition de nouveaux foyers.
(1) Institut Pasteur, « Été 2025 : la France métropolitaine face à l’apparition précoce du chikungunya »
(2) France Info, « Une épidémie de chikungunya est-elle à craindre en France hexagonale ? »