Le diagnostic de performance énergétique (DPE) va connaître une évolution importante début 2026. Le mode de calcul va être revu afin de réévaluer la performance des logements chauffés à l’électricité, une réforme qui pourrait faire sortir 850 000 logements du statut de passoire énergétique.
Un changement de coefficient pour l’électricité
À partir du 1er janvier 2026, un nouveau coefficient sera appliqué à l’électricité dans le calcul du DPE. Ce coefficient de conversion, qui permet d’évaluer l’énergie finale à partir de la consommation d’électricité, passera de 2,3 à 1,9. Ce changement vise à mieux refléter la réalité du mix énergétique français, où l’électricité est largement décarbonée, notamment grâce au nucléaire.
Aujourd’hui, ce coefficient défavorise les logements chauffés à l’électricité par rapport à ceux chauffés au gaz ou au fioul. Par exemple, le gaz naturel bénéficie d’un coefficient de 1, ce qui avantage mécaniquement les logements qui en sont équipés.
Une évolution qui touche surtout les petites surfaces
Cette modification pourrait avoir un effet notable sur les logements de moins de 40 m², souvent chauffés à l’électricité. Beaucoup de ces petites surfaces étaient classées F ou G, alors que leur consommation réelle pouvait être comparable à celle d’un logement similaire chauffé au gaz.
Pour les occupants de ces biens, ce reclassement peut changer la donne, notamment pour les propriétaires bailleurs, soumis à des restrictions de location pour les logements les plus mal classés. Depuis le 1er janvier 2023, les biens classés G ne peuvent plus être loués, et l’interdiction s’étendra aux logements classés F à partir de 2028, puis aux E en 2034.
Vers un ciblage différent des aides à la rénovation
Ce reclassement attendu pourrait aussi entraîner un réajustement des aides à la rénovation. En allégeant la pression réglementaire sur certains logements chauffés à l’électricité, les pouvoirs publics souhaitent rediriger les aides vers les logements chauffés aux énergies fossiles, dont l’empreinte carbone reste plus élevée.
Une consultation publique sur ce changement de calcul est prévue dans les prochaines semaines. L’arrêté fixant les nouvelles règles devrait être publié en septembre 2025, pour une application début 2026.
Une réforme qui suscite des interrogations
Si ce changement est salué pour sa cohérence avec la stratégie énergétique française, des voix pointent le risque de ralentir la rénovation thermique de certains logements. Notamment, ceux qui resteront énergivores malgré un meilleur classement pourraient continuer à engendrer des factures élevées pour les locataires.
La Cour des comptes, dans un rapport publié en juin, avait d’ailleurs invité l’État à améliorer la fiabilité du DPE, parfois jugé flou ou incohérent selon les cas. Cette réforme pourrait donc répondre à une partie de ces critiques tout en soulevant d’autres interrogations, notamment sur les conséquences à long terme pour la transition énergétique du parc immobilier.