En 2025, les aides à l’autoconsommation en France continuent de soutenir largement les projets solaires, mais avec des règles qui bougent, des montants qui baissent par endroits, et une vraie disparité entre ce qui est offert aux particuliers, aux pros ou aux collectivités. Solaire photovoltaïque, éolien domestique, aides locales, TVA, rachat d’électricité, primes à l’investissement… on fait le point sur ce qu’il faut savoir pour lancer un projet dans le bon timing.
Une base solide, mais resserrée pour les petites installations solaires
Le cœur du dispositif, c’est toujours le système d’obligation d’achat via EDF OA. Concrètement, si vous installez des panneaux solaires en autoconsommation (c’est-à-dire que vous utilisez directement une partie de l’électricité produite), vous pouvez revendre le surplus à un tarif réglementé pendant 20 ans. Et en prime (littéralement), vous touchez une aide financière à l’investissement.
Mais attention, ces primes ont été revues à la baisse depuis le 27 mars 2025 :
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80 €/kWc pour les installations jusqu’à 9 kWc (soit 240 € pour 3 kWc),
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190 €/kWc entre 9 et 36 kWc,
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100 €/kWc entre 36 et 100 kWc.
C’est moins généreux qu’avant (on était autour de 220 €/kWc pour les plus petites puissances), mais ça reste un coup de pouce appréciable.
Quant au tarif de rachat, il est aussi en recul :
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0,04 €/kWh pour les petites puissances (≤9 kWc),
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0,0761 €/kWh entre 9 et 100 kWc,
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environ 0,095 €/kWh entre 100 et 500 kWc.
Les projets au-delà doivent passer par des appels d’offres, avec des modalités différentes.
Fiscalité, TVA, taxes : des nouveautés qui pèsent dans le budget
Les taxes sur l’électricité autoconsommée (accise, ex-CSPE/TICFE) restent exonérées pour les installations jusqu’à 1 MW. Un avantage non négligeable, autour de 3,37 c€/kWh économisés sur chaque kilowattheure produit et utilisé sur place.
Et à partir du 1er octobre 2025, la TVA sur les installations solaires ≤9 kWc passera à 5,5 % (au lieu de 10 % voire 20 % selon les cas). Cette baisse doit permettre de rendre les installations un peu plus abordables, à condition que l’équipement comprenne potentiellement un système de stockage ou de gestion intelligente de l’énergie – un arrêté doit encore préciser ce point.
Pour les pros, pas de taux réduit, mais la TVA est récupérable. Et l’amortissement accéléré sur 5 ans des équipements reste en vigueur.
Ce qui change selon que vous êtes particulier, pro ou commune
Particuliers
Les particuliers ont encore accès à la prime à l’investissement, au tarif de rachat, à l’exonération de taxes et à une TVA réduite. En revanche, MaPrimeRénov’ ne couvre pas les panneaux photovoltaïques, sauf s’ils sont intégrés à un bouquet de rénovation énergétique.
Pas d’accès non plus à l’éco-PTZ (sauf pour le solaire thermique ou des panneaux hybrides). Pour les aides régionales, tout dépend du lieu d’habitation, mais certaines communes ou départements peuvent subventionner plusieurs centaines voire milliers d’euros.
Entreprises et exploitants agricoles
C’est souvent ici que la combinaison d’aides est la plus intéressante. En plus de la prime plus élevée pour les installations moyennes (jusqu’à 190 €/kWc), les entreprises peuvent revendre leur surplus à 7,61 c€/kWh et sont exonérées de taxes sur leur autoconsommation. Certaines régions financent jusqu’à 70 % du projet (notamment Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes).
Collectivités locales
Les collectivités ont droit aux mêmes aides nationales que les pros, mais bénéficient aussi de nombreuses aides territoriales (ADEME, régions, départements…). Beaucoup passent par des appels à projets pour subventionner des projets sur les écoles, bâtiments communaux, équipements sportifs…
L’éolien domestique, toujours à la traîne
Si vous comptiez vous lancer dans l’installation d’une petite éolienne chez vous, sachez que le cadre national est quasi inexistant : pas de prime, pas de crédit d’impôt, pas de MaPrimeRénov’, uniquement une TVA réduite à 10 %. La revente est possible si l’installation est bien placée (zone favorable), à environ 7,3 c€/kWh, mais la rentabilité repose avant tout sur l’autoconsommation.
Quelques régions ou départements proposent des aides ponctuelles, mais elles sont rares et pas toujours reconduites. Mieux vaut se renseigner localement avant de se lancer.
Des aides locales qui peuvent tout changer
C’est souvent au niveau régional ou communal que les projets basculent d’un “pas rentable” à “c’est le moment de le faire”.
Quelques exemples :
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Grand Est : aide à l’investissement de 500 €/kWc, et 70 % des études prises en charge.
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Occitanie : jusqu’à 1 500 € d’éco-chèque pour les particuliers.
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Toulouse Métropole : 25 % du coût de l’installation remboursé (ex : 1 650 € pour 3 kWc).
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Alpes-Maritimes : aide de 50 %, jusqu’à 10 000 € pour les maisons individuelles.
D’autres régions comme la Bretagne, l’Île-de-France ou les Hauts-de-France soutiennent les projets agricoles, citoyens ou collectifs. Et certaines collectivités mettent à disposition leurs toitures pour des projets partagés.
Un cadre réglementaire plus souple et plus clair
Depuis les lois récentes, les démarches sont plus simples :
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Pas de permis de construire pour poser des panneaux solaires en toiture.
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Guichet unique Enedis pour raccorder son installation.
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Autoconsommation collective étendue à 10 km (voire plus avec dérogation).
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Exonération de taxes élargie aux projets collectifs jusqu’à 1 MW.
Des appels à projets spécifiques (via la CRE) continuent de soutenir les projets innovants ou mutualisés.
Ce qui se prépare pour demain
Quelques évolutions en discussion pourraient rebattre les cartes dès 2026 :
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Suppression possible de la prime à l’autoconsommation pour les particuliers (pas encore actée),
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Crédit d’impôt pour les batteries de stockage envisagé,
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TVA réduite réservée aux panneaux “Made in Europe” ? Hypothèse sur la table,
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Tarif réseau “prosumers” en cours d’étude.
Par ailleurs, le modèle du tiers-investissement se développe : une entreprise finance votre installation, vous consommez l’électricité produite à prix réduit. Ce système commence à se structurer légalement, et pourrait ouvrir la voie à plus de projets citoyens ou partagés.
En clair, est-ce que ça vaut encore le coup en 2025 de produire sa propre énergie ?
Oui, clairement. Même si la prime à l’autoconsommation a chuté, le rachat garanti, les exonérations fiscales et les aides locales bien pensées rendent les projets encore largement rentables.
Un particulier bien conseillé peut cumuler :
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la prime nationale (jusqu’à 720 €),
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le rachat du surplus à 0,04 €/kWh,
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une subvention locale de plusieurs centaines à milliers d’euros,
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et une TVA réduite à 5,5 % à partir d’octobre.
Une entreprise, elle, peut jouer sur la prime plus haute, la revente à bon prix, l’exonération de CSPE, et des aides régionales pouvant couvrir 50 % ou plus.
Les collectivités ont accès à tout l’arsenal : appels à projets, tiers-investissement, subventions ADEME, fonds régionaux, etc.
Bref, le cadre est toujours très favorable, à condition de bien se renseigner, de cumuler les bons dispositifs, et de ne pas tarder si des réformes budgétaires venaient couper certaines aides.