Deux minutes. C'est le temps qu'il faut pour qu'un cambriolage se produise quelque part en France (1). Plus troublant encore : dans 4 cas sur 10, les victimes sont présentes chez elles au moment des faits (2). Alors que les vacances d'été approchent et que les maisons s'apprêtent à rester vides, cette réalité prend une dimension particulièrement inquiétante. Face à cette menace, autorités et assureurs multiplient les recommandations. Quels sont les réflexes essentiels à adopter avant de partir en congés pour transformer son logement en véritable forteresse ?
L'essentielAvant de boucler les valises, quelques gestes simples peuvent faire la différence :
Tout fermer (portes, fenêtres, volets, même à l’étage) ;
Prévenir ses voisins ou proches de confiance ;
Déclarer son absence à la gendarmerie ;
Limiter les signes visibles d’inoccupation.
En combinant préparation matérielle, vigilance numérique et prévention locale, il est possible de réduire largement les risques d’intrusion pendant l’été.
Une réalité bien ancrée dans les habitudes estivales
L’été, et plus particulièrement le mois d’août, reste la période la plus à risque. Le phénomène est accentué par l’éloignement des propriétaires et la baisse du “contrôle social” : moins de voisins à proximité, peu de passages dans les rues, surtout dans les zones pavillonnaires.
D’après les données de l’Observatoire de la Sécurité des Foyers (OSF), plus de 85 % des intrusions se font par effraction : porte fracturée, volet forcé, fenêtre ouverte ou fenêtre laissée en oscillo-battant (2). Les autres techniques – escalade, ruse ou détérioration – restent très minoritaires.
Le vol est rapide et ciblé : en tête, les objets de valeur faciles à transporter comme les bijoux, montres connectées, ordinateurs, ou encore les marques de maroquinerie de luxe.
Un phénomène qui touche aussi les logements occupés
Ce qui inquiète aujourd’hui davantage les autorités, c’est la montée des cambriolages en présence des habitants : 40 % des faits recensés en 2025 contre 31 % en 2021 (2). Ces situations peuvent engendrer des traumatismes importants, au-delà des pertes matérielles.
Classement des 10 départements les plus touchés par les cambriolages en 2024
Voici le classement des 10 départements les plus touchés par les cambriolages en 2024, selon les données officielles (SSMSI/Ministère de l’Intérieur) :
Rang | Département | Taux de cambriolages (pour 1 000 logements) |
---|---|---|
1 | Bouches‑du‑Rhône (13) | 11,4 ‰ |
2 | Guyane (973) | 11,0 ‰ |
3 | Rhône (69) | 10,2 ‰ |
4 | Vaucluse (84) | 9,6 ‰ |
5 | Seine‑Saint‑Denis (93) | 9,2 ‰ |
6 | Isère (38) | 9,1 ‰ |
7 | Gironde (33) | 8,7 ‰ |
8 | Ain (01) | 8,5 ‰ |
9 | Haute‑Garonne (31) | 8,3–8,5 ‰ |
10 | Cher (18) | 8,0 ‰ |
Les Bouches‑du‑Rhône arrivent en tête du classement des cambriolages avec un taux très élevé (11,4 ‰), suivies de la Guyane, du Rhône, du Vaucluse, et des Banlieues parisiennes (Seine‑Saint‑Denis). D'autres régions, comme l’Isère et la Gironde, dans des zones plus rurales, sont également très concernées. À l’inverse, les taux les plus faibles se trouvent majoritairement dans des territoires ruraux ou peu densément peuplés : Haute‑Corse (1,2 ‰), Lozère (1,3 ‰), Corse‑du‑Sud (1,4 ‰), Cantal (1,7 ‰).
Simuler une présence, un réflexe simple et dissuasif
Pour limiter les risques, un point revient dans tous les conseils de prévention : faire croire que le logement est occupé. Cela peut passer par des gestes simples :
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Programmer des lumières avec des minuteurs dans différentes pièces ;
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Faire relever le courrier par un proche ;
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Éviter de fermer les volets en permanence pendant l’absence ;
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Tailler la végétation ou faire entretenir l’extérieur pour garder une apparence vivante.
Renforcer les accès, un point à ne pas négliger
Les chiffres le confirment : l’effraction reste le mode opératoire principal dans 85,4 % des cas (2). Pour retarder voire décourager une intrusion, il est possible de :
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Vérifier les serrures, et poser une plaque blindée si besoin ;
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Protéger les fenêtres accessibles avec des verrous ou rosaces ;
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Sécuriser les issues secondaires comme les soupiraux, toits plats ou garages ;
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Éviter de laisser traîner des objets facilitant l’intrusion (escabeau, outils, etc.).
Prévenir les forces de l’ordre grâce à l’Opération Tranquillité Vacances
Disponible toute l’année, l’Opération Tranquillité Vacances (OTV) consiste à déclarer ses dates d’absence à la gendarmerie ou à la police. Les forces de l’ordre effectuent ensuite des patrouilles régulières autour du domicile signalé, y compris de nuit (1).
Gratuite et ouverte à tous les profils (locataires ou propriétaires), l’OTV est une solution simple pour augmenter la surveillance de son logement. Certaines communes proposent même une visite de sécurisation en amont.
Protéger ses objets de valeur et penser à l’assurance
Les objets ciblés sont souvent les mêmes : bijoux, high-tech, sacs de luxe ou outillage haut de gamme (2). Avant de partir :
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Ne regroupez pas tous vos objets précieux au même endroit ;
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Préparez des justificatifs de valeur (photos, factures), mais rangez-les à un autre emplacement ;
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Relisez votre contrat d’assurance pour vérifier les garanties en cas de vol (2).
Les compagnies ajustent leurs tarifs en fonction du risque localisé : logement, zone géographique, nature des objets déclarés. Un contrat mis à jour reste un levier utile pour couvrir correctement les sinistres.
Les réseaux sociaux : un vecteur exploité par les cambrioleurs
Partager ses vacances en direct sur internet expose clairement l’absence du domicile. Mieux vaut :
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Attendre son retour pour publier des photos ;
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Restreindre les paramètres de confidentialité de ses comptes ;
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Éviter de mentionner ses dates de départ ou sa destination de façon publique (2).
Face à un risque de cambriolage en constante évolution, notamment durant les vacances d’été, il devient indispensable d’adopter une approche globale : sécuriser son logement, impliquer ses proches, informer les forces de l’ordre et rester discret en ligne. Ces gestes, simples mais efficaces, permettent non seulement de réduire les probabilités d’intrusion, mais aussi de partir l’esprit plus serein. Car au-delà des pertes matérielles, c’est le sentiment de sécurité qui est en jeu.
L'Observatoire de la Sécurité des Foyers rappelle que le cambriolage a aussi un effet psychologique durable : sensation d'insécurité, troubles du sommeil, angoisse... Au-delà des objets volés, c'est l'intimité du foyer qui est brisée. Les victimes décrivent souvent un sentiment de violation profonde, une perte de confiance qui peut persister des mois, voire des années.
Le simple fait de rentrer chez soi devient source d'anxiété. Beaucoup développent des comportements compulsifs : vérification répétée des serrures, sursauts au moindre bruit, difficultés à s'endormir. Certains vont jusqu'à déménager, incapables de retrouver leur sérénité dans un lieu désormais associé à l'effraction. Mieux vaut donc prévenir que subir.
(1) France Info
(2) France 3 Hauts-de-France